(Octobre / Novembre / Décembre 2006)
Diabolique selon les moralistes, nocive pour la santé selon les médecins, la mode des fards, aussi ancienne que le désir de réparer les outrages du temps, infeste la cour de Catherine de Médicis, avant que le siècle galant, portant aux nues rouge, noir et blanc, ne prohibe de fait larmes et embrassades auxquelles ne survivraient pas les visages « empastés ».
Selon l'auteur du livre d'Enoch, ce fut l'ange Azaël qui apprit l'art de se farder aux femmes avant le déluge. Chez les Hébreux, le fard le plus usité était le sulfure d'antimoine, ce minéral servant à peindre les sourcils, à tirer une ligne de noir au coin de l'œil, pour le faire paraître plus fendu, Job surnommant l'une de ses filles vase d'antimoine ou pot à mettre le fard...
Dans une lettre du Spectateur, ouvrage paru au début du XVIIIe siècle, « un simple bourgeois de la ville » fustige les demoiselles qui se fardent et qui, ayant « reçu de la Nature des yeux passables », se donnent ensuite, « par leur propre industrie, un beau sein, des lèvres vermeilles, des joues d'un teint de lis et de roses, et des sourcils tirez au pinceau »...
Les médecins du XVIIe siècle condamnaient ce qu'ils estimaient être de dangereuses pratiques, et faisaient aux femmes, dans le naïf espoir de les corriger, un effrayant tableau des infirmités qu'elles se préparaient ainsi : « De nos vermillons, camphres, céruses et autres telles espèces vénéneuses, qu'en espérez-vous ? Que mal. Si ces drogues sont mauvaises à tel usage, où vous en voyez-vous réduictes ? Les dents noires, les yeux my perduz, le fard tousjours paroissant sur...
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