(Octobre / Novembre / Décembre 2006)
Des siècles durant, Église, magistrats et peuple prêtent à certains le pouvoir de frapper d'impuissance les jeunes époux en nouant l'aiguillette, maléfice passible de la peine capitale. Se délier des effets d'un rite accompli de préférence lors des noces et mêlant cérémonies « sales, vilaines et impures », est tâche ardue nécessitant de bien curieux ingrédients.
Les Anciens, ne sachant qui rendre responsable de ces défaillances imprévues que des hommes, en apparence vigoureux, éprouvaient temporairement, eurent tôt fait de les attribuer à quelques maléfices, à quelque herbe malfaisante que l'infortuné avait dû absorber à son insu, ou encore à quelque envoûtement, Ovide (Ier siècle av. J.-C.) écrivant dans Les Amours : « Est-ce un enchantement, une herbe vénéneuse...
Non seulement l'Église crut au pouvoir des noueurs d'aiguillettes, mais de surcroît plus d'un prêtre s'exerça à cette pratique. Un procès-verbal dressé de 1325 à 1350 fait état d'un charme jeté sur Louis de Crécy, comte de Flandres et de Nevers, par Artus Flotte, abbé de Vézelay, son garde des sceaux, et par Guy Grimaux, chevalier...
Selon le père Crespet, on peut nouer l'aiguillette pour empêcher l'homme marié seulement, parfois pour empêcher la femme mariée seulement, afin que l'un, ennuyé de l'impuissance de l'autre, commette l'adultère ; et on peut la nouer pour un mois, un an voire à jamais ou du moins autant que l'aiguillette durera. Il rapporte l'étrange observation, sur les aiguillettes nouées, de « taches comme verruques qui estoient comme marques des enfans qui eussent...
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