(Octobre / Novembre / Décembre 2009)
Constituant deux des communautés les plus importantes, travaillant notamment pour l'Eglise et la noblesse, ce qui leur confère de confortables privilèges, les tailleurs d'images représentent par la peinture mais aussi la sculpture sur bois, os ou ivoire, êtres vivants et objets inanimés, les villes de Paris et de Dieppe acquérant à ce titre grande renommée.
Non née chez nous, l'ivoire de luxe, l'ivoire travaillé est une industrie toute française, et si sous le Bas-Empire ce matériau fut surtout employé à la décoration des portes de temples, pour les tablettes à écrire, les bâtons sénatoriaux, les dyptiques consulaires, Byzance raffina encore sur sa devancière. Aux dyptiques et tryptiques à volets rabattus venaient s'ajouter les petites images de sainteté...
Dans le tableau du port de Dieppe, de Vernet (1765), on voit un colporteur, sa hotte sur le dos, toute bourrée de ces menus ouvrages, dont la provenance nous est indiquée par le crucifix d'ivoire qu'il porte sous le bras. Bernardin de Saint-Pierre parle aussi, vers la même époque, de cette « multitude de petits ouvrages, tabatières, étuis découpés à jour, sculptés, avec une patience extrême », où excellait l'industrie locale...
Au début du XXe siècle, les ivoiriers dieppois, arrière-garde d'une armée décimée, nous renseignent sur le mal dont souffre leur profession et les remèdes à essayer : « L'ivoire, disent-ils tous, n'est plus guère à la mode. (...) La mode, libre et capricieuse, ne se décrète pas. Puis le nombre des éléphants, surchassés et trop tués, a diminué ; le beau morfil est devenu rare. Au lieu de 12 à 15 francs...
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